Lorsque la scène ouvre, la musique de piano joue, Lottie est à son ordinateur et Joe attend près de la porte de la salle d’entreposage.

Lottie : besoin de partir bientôt
Joe : en es-tu sûr?
Lottie : OUI – le patron est parti – vas-y maintenant.

Lottie salue de la main Joe à l’extérieur de la porte.

Lottie regarde des séquences de la caméra de sécurité du musée sur son ordinateur et elles apparaissent également sur le mur derrière elle.

Lottie ouvre alors un livre sur la table près d’elle et trouve une photographie du bataillon de Byron Cooper Sisler.

Voix hors champ :
Alors, ils se renseignent sur mes copains, hein? Eh bien, nous étions une bande sans pareille.  Nous veillions du mieux que nous pouvions sur les autres. Je ne crois pas que j’aurais pu m’en sortir sans eux.

Je peux encore nous voir nous disperser dans Somme, là, pour prendre Courcelette et la tranchée Regina. Il est difficle de savoir pourquoi nous nous donnions même la peine.  Il ne s'agissalt que d'une poignée de maisons en ruine, d'arbres carbonisés et de cratères d'obus. Mais, ils ont dit que c'était important. Ils ont même sorti des chars pour la premeire fols. En fin de compte, ils n'ont pas vraiment aidés. Comme le reste, ils se sont enlisés dans la boue. Le froid, les pluies d’automne ont tout transformé en boue. On aurait dit que nous entrerions en enfer. Je suppose que oui.

Puis l’heure est venue où, nous nous sommes tous dirigés vers la tranchée Walker au clair de lune, entassés et trébuchant l’un sur l’autre, essayant désespérément de se mettre en position pour le lendemain matin. Et pendant tout ce temps, Fritz n’avait cessé de faire feu, mitrailleuse en mains. Bon nombre de gars sont morts à ce moment-là.

Une fois que la séquence se termine, Lottie surveille Joe sur les caméras de sécurité alors qu’il se faufile dans le musée en direction de la porte d’entrée.

Joe arrive finalement à la fenêtre de devant. En s’accroupissant, il glisse lentement un périscope de tranchée par-dessus le rebord de la fenêtre et regarde dehors. Joe regarde l’autre côté de la rue et scrute l’horizon à la recherche du cénotaphe.

L’on entend la voix de Sisler hors champ faisant la lecture de son journal. Dans le périscope, l’on voit une séquence de scènes de batailles et d’explosions de style impressionniste alors que le mannequin-soldat est enterré dans un cratère d’obus. Ses camarades viennent à son aide.

Voix hors champ :
Le 14 septembre
J’ai commencé à midi et j’ai eu de la difficulté à parvenir à la tranchée de communication à cause des brancardiers.

Le 15 septembre
Ç’a été l’enfer pour arriver jusqu’à la tranchée de communication et nous avons eu beaucoup de pertes. Nous sommes partis à environ 6 h et y sommes arrivés à 6 h 20. Notre barrage de mitrailleuses était extraordinaire. Nous avons atteint nos objectifs et nous nous sommes retranchés avant midi et puis l’enfer s’est ouvert. Green a été tué cet après-midi et j’ai été enterré et après qu’ils m’ont déterré, ma mémoire et mon ouïe sont disparues temporairement.

La tension est assez dure sur les nerfs. Nos camarades ont rallongé les tranchées de 150 verges, 1 350 en tout. Je vous garantis que je serai content si je sors d’ici vivant. Pulfer a été abattu à 19 h.

Le 17 septembre
Déchargé ce matin à 6 h. Il ne reste que trois gars dans notre équipe et c’est moi qui commandais. Steder a été tué et Samuelles, Brown, blessés.

La prise de vue du périscope se termine. Joe abaisse le périscope lentement. Il se tourne et s’adosse contre le mur visiblement déprimé. Il sort son téléphone et envoie un texto.

Joe : qu’est-ce qui lui a permis de traverser tout cela?

L’écran se fige.